Ottawa. Trouver un logement en tant que réfugié LGBTQ+, « pire que de traverser le désert »
Par Antoine Fontaine et Marie-Jeanne Dubreuil sur ICI Ottawa-Gatineau en date du 03 juin 2024 à 15h16
Dans le salon de la Rainbow House, Néfertiti Afra est nostalgique des moments passés
à prendre un café ou à jouer à des jeux de société avec d'autres réfugiés LGBTQ+.
Photo : Radio-Canada / Antoine FontaineNéfertiti Afra est une amie de l'ALGI. Son histoire est relatée, sous le pseudonyme Vania, dans la rubrique Cameroun de la page d'accueil de l'ALGI (section International) : Vania, trans camerounaise réfugiée au Maroc. Un témoignage en 5 chapitres recueillis par l'ALGI. Version HTML; version pdf.
Nous avons correspondu avec Vania depuis avril 2020, alors qu'elle était réfugiée du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR) au Maroc. Est-il besoin de rappeler que le Maroc n'est pas un pays sécuritaire pour les personnes LGBT+ ? On lui a expliqué qu'elle pouvait faire une demande de réinstallation dans un pays sécuritaire auprès du HCR. C'est finalement à la fin de novembre 2022 qu'elle pourra prendre l'avion pour le Canada qui l'a acceptée comme réfugiée au Canada, installée à Ottawa, la capitale du pays.
Récemment, elle participait à un reportage de Radio-Canada, région d'Ottawa-Gatineau, dans lequel elle parle de son expérience en sol canadien. En voici des extraits.
Une première maison pour les réfugiés LGBTQ+ à Ottawa a été inaugurée vendredi lors de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
Parmi les nombreux invités sur place se trouvait Néfertiti Afra, une femme transgenre d’origine camerounaise. Elle a été hébergée pendant deux mois et demi à la Rainbow House, qui a ouvert ses portes l’automne dernier.
La personne âgée de 22 ans se souvient de son arrivée à ce refuge comme si c’était hier. « Ce que j'ai ressenti était plus grand que le bonheur », explique l'ancienne résidente.
Elle raconte que la paix d’avoir enfin un toit sur la tête l’a
vraiment soignée.Du Cameroun au Canada, en passant par le désert.
Les jours qui ont suivi, je me suis rendu compte que je suis mieux concentrée à l'école parce que j'ai un endroit où dormir, ajoute-t-elle. On me donne de la nourriture toutes les semaines. J'ai des gens de ma communauté qui sont autour de moi, avec qui je peux échanger, avec qui je peux aller en balade, avec qui je peux discuter.Après le décès de sa grand-mère en 2008 et de son arrière-grand-mère en 2012, Néfertiti Afra s'est retrouvée sans nulle part où aller. Sa transidentité l’empêchait de vivre librement dans son pays de naissance.[Au Cameroun], les gens ne comprennent pas qu’un garçon peut se développer comme une femme [...]. Pour nous, c’est comme une abomination.
Une citation de Néfertiti Afra, ancienne résidente de Rainbow House.En quête d’un avenir meilleur, elle a décidé de fuir son pays. Elle a traversé le désert du Sahara pour rejoindre l’Algérie, puis le Maroc où elle s'est établie temporairement.
Deux ans et demi plus tard, sa demande d’asile auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) a été acceptée. C’est là que le Canada l’a accueillie. À son arrivée, elle a subi un autre genre de transphobie.
Dans la rue
En tant que femme trans, les gens le tolèrent, mais ce n'est pas tout le monde qui l'accepte, explique-t-elle. La réfugiée ajoute que la transphobie est plus cachée et sournoise au Canada que dans son pays d'origine, où elle est plus directe.Se trouver un logement a donc été le plus grand défi de Néfertiti Afra en arrivant dans sa nouvelle terre d'accueil. « Trouver un logement au Canada était pire que de traverser le désert », dit-elle.
Cette fatigue d’attendre une place en hébergement, combinée à ses deux semaines passées à vivre dans la rue l’ont poussée à bout. Elle avoue avoir songé à s’enlever la vie avant de rencontrer un intervenant qui l’a dirigée vers la Rainbow House.
Selon Sophia Lowe, elles sont plusieurs personnes à vivre une situation similaire à celle de Néfertiti Afra. L'ancienne directrice exécutive de Capital Rainbow Refuge affirme que le système de refuges n’est pas adapté à la réalité LGBTQ+.
Des femmes transgenres sont forcées d’être hébergées dans des refuges pour hommes, explique-t-elle. Des gens dans les refuges sont de la même diaspora et malheureusement, les gens de [la communauté LGBTQ+] ne sont pas toujours en sécurité [dans ces refuges.]Nous avons des clients qui préfèrent dormir dans la rue plutôt que de dormir dans ces refuges.
Une citation de Sophia Lowe, ancienne directrice exécutive de Capital Rainbow Refuge.(...)Le début d'une nouvelle vie.Aujourd’hui, Néfertiti Afra vit avec son copain dans un logement qu’elle a pu trouver grâce à l’aide des intervenants de Capital Rainbow. Elle est aux études en plus d'avoir trouvé un emploi. L’ancienne résidente de la maison d’hébergement raconte que son passage dans la maison d’hébergement lui a permis de se faire des amis dans sa communauté.Avec les informations d'Amadou BarryLire l'article intégral sur ici.radio-canada.ca
Répondre ou Corrigervotre message
Remarque
Si la date ou l'heure de la publication est plus ancienne que celle indiquée dans l'index,
vous pouvez actualiser la page en cliquant ICI.