Entrevue avec le Dr Réjean Thomas. Le VIH frappe chaque génération à sa façon
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Samuel Larochelle sur Fugues en date du 01 décembre 2025 à 21h50
Vidéo hommage du Dr Réjean ThomasDes milliers de personnes viennent d’assister à la pièce Corps fantômes sur les violences contre nos communautés et les heures les plus sombres du sida. On y voit personnifié Réjean Thomas, médecin, cofondateur de la Clinique l’Actuel et témoin de première ligne de l’évolution du VIH. Aujourd’hui confronté aux enjeux du vieillissement avec le VIH et de l’ignorance des jeunes en termes de santé sexuelle, il nous explique avec humanité ce qu’il observe depuis 45 ans.
Notre entrevue a lieu le 7 novembre. Avez-vous vu la pièce chez Duceppe?
Pas encore. Ça me stresse de la voir. Ce sont des moments qui me rappellent des souvenirs très douloureux. À l’époque, j’étais jeune médecin. Le sida est arrivé comme un grand coup. On ne savait pas c’était quoi. Tous mes patients allaient mourir ou presque. C’était une maladie très stigmatisée. En plus de les soigner, j’étais gai et j’avais plein d’amis homosexuels. J’ai perdu plusieurs proches, dont mes deux meilleurs amis. Je veux aller la voir, mais ça m’inquiète de revivre une forme de douleur.Comment traitez-vous votre mémoire?
J’ai créé une forme d’amnésie. Je raconte à mes jeunes patients ou à mes stagiaires que dans le temps, la moyenne d’âge de mes patients dans la salle d’attente était de 30 ans. Les malades avaient du Kaposi dans le visage, de la démence, ils devenaient aveugles ou ils mourraient entre six mois et deux ans. Quand j’y pense, je revis ça un peu « sans émotions », parce que je ne me suis créé une carapace. C’était trop souffrant. Je ne comprends pas comment on a fait pour traverser ça.Peut-être grâce à votre équipe?
C’est certain. Combien de fois notre technicien en laboratoire, notre secrétaire ou nos employés ont été touchés par le sida. Dr Marchand, cofondateur de la clinique, en est mort. On se rendait souvent à des enterrements. On avait une solidarité entre nous. On allait pleurer dans le corridor ou dans la cuisine. C’est difficile à imaginer aujourd’hui.Lire la suite sur Fugues.
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