TDoR 2025 : 281 personnes trans tuées en un an, plus de 5 300 depuis 2009
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Valentine Monceau sur Stop homophobie en date du 24 novembre 2025 à 14h49
À l’occasion de la Journée internationale du souvenir trans (Transgender Day of Remembrance, TDoR), commémorée chaque 20 novembre, des veillées et rassemblements sont organisés partout dans le monde pour honorer les personnes tuées en raison de la haine visant les identités trans. Les données publiées ces dernières semaines confirment une réalité qui demeure particulièrement préoccupante.
Le projet Trans Murder Monitoring (TMM), coordonné par l’organisation Transgender Europe, a recensé 281 homicides de personnes trans ou de genres divers entre octobre 2024 et septembre 2025. Depuis le lancement du programme en 2009, plus de 5 300 morts violentes ont été documentées. L’édition 2025 du rapport révèle également un phénomène inquiétant : les militant·es et responsables communautaires représentent 14 % des victimes, une proportion en nette augmentation qui traduit une intensification des atteintes visant les figures publiques des mouvements. Les femmes trans et les personnes transféminines représentent 90 % des victimes identifiées, et les travailleuses du sexe restent, une fois encore, les plus touchées, avec 34 % des cas recensés.
L’Amérique latine et les Caraïbes concentrent toujours l’essentiel des homicides, avec un Brésil qui demeure, année après année, le pays le plus touché. Les auteurs du rapport soulignent que les chiffres réels sont probablement plus élevés, en raison d’identifications erronées ou de l’absence de prise en compte de la dimension transphobe des faits.
En France, un climat qui continue de se dégrader
Si le nombre d’homicides reste limité sur le territoire français, la situation n’en demeure pas moins inquiétante. Le ministère de l’Intérieur a enregistré 3 055 infractions anti-LGBT+ en 2024, confirmant une hausse régulière des violences, insultes et menaces. Les associations pointent également une montée des discours hostiles dans l’espace public, qui contribue selon elles à un climat plus dangereux pour les personnes trans.
Deux meurtres qui ont bouleversé l’année 2024
Le 5 juillet, Angélina Clément, 55 ans, a été tuée à Compiègne par son compagnon, qui l’a frappée à la hachette. Une enquête pour « meurtre par concubin » a été ouverte. Si aucune motivation transphobe n’a été retenue à ce stade, plusieurs collectifs ont qualifié le meurtre de transfémicide, rappelant que les femmes trans restent très exposées aux violences conjugales. Des hommages ont été organisés dans plusieurs villes, notamment à Grenoble.
Quatre jours plus tard, le 9 juillet, Géraldine, 30 ans, originaire du Pérou et travailleuse du sexe, a été poignardée à son domicile parisien par un client. L’homme aurait affirmé avoir « paniqué » en découvrant qu’elle était trans, un argument qui rappelle le mécanisme de la « trans panic defense », invoqué dans certains pays pour atténuer la responsabilité des auteurs. Lors d’une veillée organisée à Paris, sa mère a évoqué « une martyre de la cause trans ». Le drame a également ravivé les critiques sur le traitement médiatique des personnes trans, plusieurs articles ayant fait l’objet de signalements pour mégenrage.
Pour les organisations LGBT+, ces deux affaires illustrent la vulnérabilité particulière des femmes trans, notamment lorsqu’elles sont migrantes, précaires ou travailleuses du sexe. Elles réclament des mesures de fond : procédures d’état civil accessibles, prise en charge médicale simplifiée, formation des services publics, protection spécifique pour les travailleuses du sexe et meilleure reconnaissance des violences transphobes dans les enquêtes.
Un moment de mémoire, mais aussi d’alerte
Ce 20 novembre, des veillées sont prévues dans de nombreuses villes françaises, à l’appel de collectifs trans, d’associations et de syndicats. La Fédération LGBTI+ rappelle que « la transphobie tue, directement ou indirectement », et appelle les pouvoirs publics à faire de la protection des personnes trans une priorité.
Pour les organisations mobilisées, le TDoR reste avant tout un moment de recueillement. Mais il porte aussi un message clair : les violences visant les personnes trans ne relèvent ni de faits divers isolés ni d’accidents tragiques. Elles s’inscrivent dans un système de discriminations et appellent une réponse à la fois politique, sociale et institutionnelle.
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