Frontière haïtiano-dominicaine : des expériences de discriminations croisées pour des migrants LGBT+

Moïse Manoël-Florisse sur 76crimesfr en date du 03 novembre 2025 à 10h52

Ballotés d’une rive à l’autre de la Rivière Massacre qui sépare Haïti de la République Dominicaine, rejetés tantôt par les uns et par les autres au gré de l’homophobie et du racisme, des haïtiens appartenant à la communauté LGBT+ se cherchent un destin, entre quête de dignité et d’opportunités économiques, dans la région de Ouanaminthe /Dajabon, au nord de l’île de Saint-Domingue.

Pour 76crimes, les équipes de l’organisation Héritage pour la Protection des Droits Humains, pilotées par Merlin Jean vont nous décortiquer la situation sur place.

2025 : anus horribilis

Merlin Jean (directeur) : « Il y a des expulsions précipitées de personnes expulsées de la République Dominicaine qui laissent tout ce qu’elles y ont construit depuis 20 ou 30 ans. Certaines y avaient déjà fondé une famille et bien souvent les hommes haïtiens reconduits à la frontière laissent femmes et enfants derrière eux.

Personne est épargné, pas même les femmes enceintes ou celles venant d’accouchées qui sont chassés des hôpitaux manu militari, sans suivi postnatal. Les enfants mineurs font partie des convois collectifs qui chaque jour sont ramenés du côté haïtien de la frontière, tandis que jour après jour, pierre après pierre, le gigantesque mur voulu par le président dominicain prend forme, afin de colmater toute porosité entre les sociétés des 2 pays qui se partagent l’île de Saint-Domingue.

C’est une crise humanitaire silencieuse. Les personnes trans haïtiennes détenues dans des cellules non-mixtes par les autorités dominicaines sont particulièrement vulnérables, tout comme les personnes vivant avec le VIH qui ne disposent pas de solutions de continuité de soins pour les antirétroviraux, dans les centres de rétention du pays voisin.

Pour les personnes débarquées malgré elles à Ouanaminthe, le seul point d’entrée de la frontière haitiano-dominicaine ouvert, les besoins sont immenses, d’autant plus qu’elles ne sont pas nécessairement originaires du nord d’Haïti, bien souvent.

Ainsi parmi les gens que l’on voit arriver, il y en a qui sont originaires de Jacmel ou de Miragoâne et qui n’ont pas de proches sur place. Outre le besoin de nourriture, ces personnes ont besoin d’hébergement sur place avant de pouvoir regagner éventuellement d’autres départements haïtiens où elles ont des attaches, ce qui implique des ressources financières qui viennent à manquer à ces déplacés.

Malmenés par les forces de sécurité dominicaines, ces personnes n’ont la plupart du temps plus de documents d’identité, puisque les policiers dominicains jettent leurs effets.

Aussi à leur arrivée dans nos locaux, nous identifions si ces déplacés ont un besoin de soutien psychologique. Or, c’est presque toujours le cas, car nous recevons des personnes blessés, rudoyés lors de leur interpellation, alors qu’elles cherchaient à éviter une arrestation dont elles n’ont pu empêcher la brutalité sur fond de racisme ambiant et de xénophobie en Dominicanie.

De toute façon vivre en Haïti représente un autre défi sécuritaire pour les expulsés en provenance du pays voisin, en raison des défaillances sécuritaires de l’Etat et de la présence de gangs armés.

Lire la suite sur 76crimesfr.com


    Répondre Corriger
Répondre     ou Corriger votre message

Remarque
Si la date ou l'heure de la publication est plus ancienne que celle indiquée dans l'index,
vous pouvez actualiser la page en cliquant ICI.

© Algi [Accueil]