Québec. Interdiction du langage inclusif et du port de signes religieux par les enfants du primaire
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Alexandre Dumas, historien québécois sur Facebook en date du 28 septembre 2025 à 17h54
Opinion sur Facebook d'Alexandre Dumas, historien québécois sur des sujest d'actualité politique au Québec.
En 1979, l'Office québécois de la langue française a recommandé de féminiser les titres de profession et de fonction. Imaginez la "confusion linguistique". Comme les Français, nous étions habitués à dire "Madame le ministre", "Madame l'avocat", "Madame le directeur". Soudainement, on devait dire "la ministre", "l'avocate", "la directrice". Personne à l'époque ne s'est dit que les Québécois étaient trop bêtes pour accepter le changement. Nous avons voulu reconnaître la présence grandissante des femmes dans les différentes professions et nous nous sommes adaptés. Aujourd'hui, personne n'a besoin de faire un effort pour féminiser les pronoms ou les titres. "Madame la directrice" nous vient aussi facilement à l'esprit que "Monsieur le directeur".Alors qu'on ne vienne pas me dire qu'on interdit la rédaction inclusive pour faciliter la compréhension. Je rappelle que le même gouvernement a imposé le vouvoiement dans les classes. Ça veut dire qu'on prend pour acquis qu'un enfant de première année du primaire est capable de comprendre qu'il doit employer la deuxième personne du pluriel même s'il s'adresse à une seule personne. Donc je ne pense pas que les employés du ministère de l'Éducation soient trop simplets pour comprendre le "Bon été à toustes" de leur collègue (véritable exemple cité par Jean-François Roberge pour montrer l'urgence de légiférer).Les caquistes ont dû se faire tirer l'oreille simplement pour ajouter la case X aux formulaires du gouvernement, comme si ce changement enlevait quoi que ce soit à quelqu'un. Ils ont fait de la question des pronoms d'une enseignante non-binaire et de la lutte aux toilettes non genrées une urgence nationale. Ils ont nommé uniquement des personnes cisgenres sur un "comité de sages" devant réfléchir sur les enjeux liés aux personnes trans. Avec un bilan semblable, on comprend facilement que derrière la façade du conservatisme linguistique se cache la volonté d'effacer les personnes trans et non-binaires de l'espace public. Tellement de violence envers des personnes marginalisées simplement pour contenter une poignée de chroniqueurs transphobes et leurs adeptes.Voir aussi.
La logique péquisteHier, Paul St-Pierre Plamondon a dit aux journalistes qu'il est en faveur de l'interdiction du français inclusif parce qu'il n'y a pas "d'étude sérieuse sur la nécessité de changer la langue française". Or, des études sur les bienfaits d'une langue inclusive, ça fait une vingtaine d'années que ça existe. Le psycholinguiste suisse Pascal Gygax, chercheur sérieux s'il en est, a publié "Le cerveau pense-t-il au masculin?" en 2008. Au Québec, la grammaire pour un français inclusif d'Alexandra Dupuy, Michael Lessard et Suzanne Zaccour, a été publiée en 2023. Quand le chef du PQ dit "étude sérieuse", on comprend que ça signifie "étude qui me dit ce que je veux entendre".Aujourd'hui, le même chef du PQ nous annonce que son parti va interdire le port de signes religieux aux enfants du primaire pour contrer le fameux "entrisme religieux". C'est une mesure radicale. Nos militants anti-voile n'étaient jamais allés jusqu'à cibler les enfants jusqu'ici. Et pourtant, dans ce cas-ci, pas besoin d'étude. Ni sur le bienfait de la mesure ni sur son efficacité pour combattre cet islamisme que M. Plamondon et son conseiller exilé en France voient partout. Soit M. Plamondon prend beaucoup trop au sérieux les gens qui lui disent que le français inclusif va perturber les enfants et faire disparaître le français, soit il prend beaucoup trop à la légère des mesures drastiques qui auront un impact bien réel sur les enfants issus des minorités religieuses.Je ne suis pas psychoéducateur. Mais je pense qu'appeler une enseignante Mx est beaucoup moins perturbant pour une enfant que de se faire dire par le gouvernement et les autorités scolaires que sa différence culturelle est inacceptable. On ne le saura jamais. Il n'y a pas d'étude.
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