Avancement de la religion à l'étranger avec bénédiction fiscale au Canada

Francis Vailles et Jean-Hugues Roy sur La Presse en date du 20 mai 2025 à 16h05

Les principaux bénéficiaires du financement d’organismes religieux sont surtout situés aux États-Unis. Photo : Isadora Kosofsky, archives THE NEW YORK TIMES Depuis cinq ans, le Canada s’est privé de plus de 700 millions de dollars de fonds publics qui ont servi au financement d’organismes religieux à l’étranger, selon une analyse de La Presse. Les principaux bénéficiaires de cette manne sont surtout situés aux États-Unis, mais aussi en Israël et en Inde, des pays avec qui le Canada a eu des inimitiés. Les fonds aboutissent parfois dans les coffres d’organisations religieuses conservatrices pro-Trump. Quelques transferts en Israël, sous des motifs religieux ou autres, avaient pour but de favoriser la colonisation de territoires occupés ou de soutenir l’armée israélienne, selon nos recherches. Où va l’argent ? Les Américains sont les principaux bénéficiaires des fonds religieux venant du Canada, soit 434 millions depuis 5 ans. Parmi la cinquantaine de bénéficiaires, il y a des témoins de Jéhovah, des pentecôtistes, des adventistes, des baptistes et d’autres groupes évangéliques chrétiens. Plusieurs de ces organisations épousent les causes conservatrices de la droite religieuse, qu’il s’agisse de leur opposition à l’avortement, aux droits des personnes LBGTQ+ ou à la diversité des genres. Quelques-unes militent activement pour Donald Trump. C’est ainsi que les dons de Canadiens ont servi à financer l’influent pasteur Franklin Graham, qui a fait la prière inaugurale de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, le 20 janvier dernier. M. Graham est un fervent soutien de la droite chrétienne. Des fonds canadiens ont aussi été empochés par le groupe John Hagee Ministries, dont le prédicateur a déjà dit qu’Hitler est l’envoyé de Dieu et que c’est grâce à sa chasse aux Juifs qu’est né l’État d’Israël (voir autre texte). Des dons religieux du Canada affluent aussi en Inde (127 millions depuis 5 ans), aux Philippines (88 millions) et en Israël (86 millions), notamment. Dans le cas d’Israël, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a découvert ces dernières années que deux importants organismes canadiens avaient utilisé des fonds pour financer les colonies israéliennes en territoires occupés ou l’armée d’Israël, des fins qui ne sont pas reconnues comme des activités charitables par l’ARC. Leur statut d’organisme de bienfaisance a été révoqué. (...) La Maison-Blanche a son bureau de la foi André Gagné est l’auteur du livre Ces évangéliques derrière Trump, publié en 2020. Il y explique que la frange charismatique du mouvement évangélique américain, notamment, est devenue « un acteur central du monde politique américain ». Ses adeptes voient en Donald Trump l’élu de Dieu et jugent déraisonnable de critiquer ses actions politiques. Le deuxième mandat de M. Trump a accentué cette influence, notamment par le truchement du « bureau de la foi de la Maison-Blanche ». Ce bureau est dirigé par la conseillère spirituelle de M. Trump, Paula White-Cain, une télévangéliste bien connue, pour qui la richesse est un signe de santé spirituelle et la pauvreté, une punition divine. Selon des reportages du New York Times, « le bureau de la foi travaille en étroite collaboration non seulement avec M. Trump et son chef de cabinet, mais aussi avec des responsables des services de renseignement, de la politique intérieure et de la sécurité nationale ». Même la séparation de l’Église et de l’État y est remise en question, principe pourtant fondamental dans les sociétés occidentales qui remonte au XVIIIe siècle. « Le bureau a promis aux pasteurs la fin de ce qu’il considère comme une persécution chrétienne en Amérique et la fin de la croyance dominante selon laquelle l’Église et l’État devraient être séparés », écrit le New York Times. Lire l'article intégral sur lapresse.ca Lire aussi, des mêmes auteurs, Dons de charité canadiens : Des millions pour la droite religieuse américaine sur lapresse.ca.

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