En réaction à la directive publiée par la Commission des médias et de la communication (CMC), qui demande aux médias de remplacer le terme « homosexualité » par « déviance sexuelle » dans leurs publications et leurs émissions, Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré :
« La directive de l’autorité de régulation des médias irakiens s’inscrit dans le cadre d’une offensive contre la liberté d’expression, sous couvert de respect des ” bonnes mœurs “. L’interdiction par la Commission des médias et de la communication du terme ” homosexualité ” et le fait qu’elle insiste pour que les médias emploient ” déviance sexuelle ” à la place est une mesure dangereuse, susceptible d’alimenter les discriminations et les violences contre les membres de la communauté LGBTI.
« En outre, l’interdiction et la diabolisation du terme ” genre ” témoignent d’un mépris pour la lutte contre les violences liées au genre, lors même que la société civile constate une hausse des crimes visant les femmes et les filles, dans un climat d’impunité généralisée.
Les autorités irakiennes doivent immédiatement annuler cette décision et veiller à respecter le droit à la liberté d’expression et à la non-discrimination de toutes et tous en Irak, indépendamment du genre ou de l’orientation sexuelle
Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International
« Les autorités irakiennes doivent immédiatement annuler cette décision et veiller à respecter le droit à la liberté d’expression et à la non-discrimination de toutes et tous en Irak, indépendamment du genre ou de l’orientation sexuelle. »
Complément d’information
En Irak, les partis politiques s’en prennent de plus en plus aux droits des LGBTI : ils brûlent fréquemment des drapeaux arc-en-ciel et profèrent des accusations farfelues selon lesquelles l’homosexualité serait à l’origine de la propagation de maladies.
Entre janvier et juin 2023, le ministère de l’Intérieur a mené une campagne visant à supprimer les « contenus indécents » en ligne et a engagé des poursuites, en s’appuyant sur des lois vagues relatives aux bonnes mœurs, contre 20 personnes qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leur droit fondamental à la liberté d’expression. Le 18 juillet, Amnesty International a fait part de ses préoccupations lorsque le gouvernement irakien a présenté à nouveau deux projets de loi qui, s’ils étaient adoptés par le Parlement, limiteraient gravement les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique de la population en Irak.
Pour une analyse du contexte, lire de Léontine Gallois sur lorientlejour.com.