Chapitre 2. Mon départ du Cameroun

Envoyé par Vania, femme camerounaise en prison dans la peau d'un garçon en date du 19 juillet 2021 à 14h55 en réponse à Chapitre 1, Ma vie au Cameroun (reçu de Vania, femme camerounaise en prison dans la peau d'un garçon le 12 juillet 2021 à 21h14).

J'arrive à Garoua après 2 nuits de voyage. Je dors à la gare et je rencontre une Ad. que j'ai aidée à descendre ses bagages. Elle a vu le bandage sur mes doigts et m'a demandé ce qui s'est passé. Je lui ai raconté ma vie jusqu’à ce jour. Elle m'a emmenée chez elle et, vous savez, Garoua est une ville musulmane, donc je n'étais pas la bienvenue chez eux. Après, je pense, 2 semaines à Roumné, j'ai rencontré Ar. qui vendait des œufs et du pain. Il m'a trouvé sympa et il a proposé qu’on vive ensemble. Il était travesti de nuit mais un peu normal en journée.

Un jour, il est sorti et revenu avec des bleus partout. C’est des homophobes qui l'avaient agressé. Il les avait rencontré sur Planet Roméo. Voilà comment notre maison était devenu la risée du quartier et on voulait nous faire la peau. Il a dit qu’on devait partir en Libye pour traverser la mer et aller en Italie vivre notre vie de gay tranquillement. Il a contacté un monsieur au Nigeria qui faisait passer les gens clandestinement pour aller soit en Libye ou en Algérie. Il a dit qu’on devait le retrouver à Touroua à 10h. Nous sommes arrivés en retard. Le monsieur a demandé 50000 fr par personne, car on devait contourner la frontière, n'ayant pas les papiers.

Je ne connaissais pas le HCR quand j'étais au Nigeria. Car mon but avec Ar. c'était d'aller en Libye pour traverser la mer.

Le 10 juillet 2019, quand on a quitté Garoua par Touroua, petite localité par où on est sorti du Cameroun, nous sommes arrivés au Nigeria à Kano le lendemain, si j'ai bonne mémoire. Et on nous a gardé dans une maison avec d'autres personnes qui devaient voyager vers l'Algérie et la Libye. Le Mr qui était propriétaire nous demandait l’équivalent de 250.000fr CFA pour ceux qui partaient en Algérie et un peu plus pour nous qui voulions aller en Libye. Ar. a payé pour lui et moi il me restait 75000fr CFA et je suis restée. Le Mr a dit qu’il ne pouvait pas me garder chez lui si je ne payais pas le loyer. Du coup il m'a mise à la porte.

J'ai passé 2 nuits à vagabonder et je suis tombée sur un Mr qui m'a dit de prendre une moto pour l'agence Tachankouka, si je ne me trompes pas. Et il m'a dit que je trouverai les passeurs là-bas pour aller en Libye. C’est comme ça que je suis arrivée à cet endroit bizarre où il y avait plein de voitures et de cars et tout. Je me suis renseignée et on m'a montré un Mr, mais avec hésitation, qui était passeur il m'a demandé 200.000frs CFA. Mais, je n'avais pas la somme.

J'ai commencé à travailler à l'agence pour laver les toilettes et balayer et encaisser l'argent des gens qui vont aux toilettes. Souvent, j’aidais les commerçants et voyageurs à porter leurs bagages pour quelques nairas. Je dormais sur un tapis dans un coin à 200 nairas. J'ai rencontré un commerçant qui allait à Arlit au Niger et il m'a trouvée très gentille. Je lui ai raconté ma vie et il a eu de la peine et a dit qu’il allait m'aider à aller en Libye, si c'était mon souhait. Nous somme parti de Kano, ville du Nigeria où j'étais, pour Agadez au Niger le 29 ou le 30 août 2019. Tout est parti si vite pour moi, comme une grâce de Dieu. C'est vrai que j'ai mal quand je me souviens du chemin très dur jusqu'au Maroc et ce qui me fait souvent vouloir me renfermer et pleurer…


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