Il faut du temps pour faire bouger une société. Pour que les vieilles certitudes soient ébranlées et finissent par céder. Pour que les peurs solidement ancrées, nourries de génération en génération, s’étiolent puis disparaissent. Combien de personnes ont été ignorées, rejetées, mises au ban de la société, combien sont mortes d’avoir eu raison avant l’heure ?
Oui, la société progresse, notamment sur les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Mais elle progresse lentement. Hésitante. Revenant parfois sur ses pas. Chaque progrès laissant craindre un retour en arrière, une remise en question. L’histoire n’a jamais été un long fleuve tranquille.
Nous pourrions nous indigner de cette lenteur dont nous lesbiennes, gays, bisexuel-le-s, trans et non-binaires subissons chaque jour les conséquences. Dénoncer l’immobilisme et le conservatisme, l’ignorance et la bêtise, les violences et les haines tenaces. Une société qui nous stigmatise et qui accepte que nos parcours de vie soient entachés d’insultes, d’agressions, d’exclusions, au prétexte que notre identité ne correspond pas à la norme.
Mais nous avons mieux à faire. En attendant que les mentalités progressent, nous avançons.
Nous avançons parce que nous refusons que la peur gagne.
Nous avançons parce que nous avons décidé de vivre, coûte que coûte.
Nous avançons parce que nous pensons que l’amour est plus fort que la haine.
Nous avançons parce que nous avons foi dans la capacité de la société à se réinventer.
Nous avançons parce que c’est ainsi que l’on change une société, en montrant la voie.
Nous avançons parce que nous savons que nous ne sommes pas seul-e-s. Mais parfois, il faut bien l’avouer, nous éprouvons face à l’ampleur de la tâche l’envie irrépressible d’être entendu-e-s, compris-e-s et soutenu-e-s…
Et la secrète ambition d’accélérer les choses.
Source : inter-lgbt.org