L’Unité de recherche et d’intervention sur le TRAuma et le CouplE (TRACE) dirigée par la professeure du Département de sexologie Natacha Godbout lance une série de capsules vidéo visant à démystifier la trajectoire des hommes survivants de violences sexuelles subies dans l’enfance. Les vidéos présentent des hommes qui témoignent de leurs parcours difficiles, des impacts des traumas sur leur vie d’enfant et d’adulte, du moment où ils ont dévoilé les agressions à leurs proches et de leur processus de guérison.
(...) Les recherches démontrent que les hommes attendent entre 25 et 40 ans en moyenne avant de parler des violences sexuelles qu’ils ont subies. «Le tabou de l’agression sexuelle touche toutes les victimes, relève Natacha Godbout. Mais il est encore plus difficile pour les hommes d’en parler et de demander de l’aide puisque ils ont intégré depuis qu’ils sont petits l’idée, fausse, qu’un homme, un vrai, doit être fort et ne pas demander de l’aide.»
(...) Les hommes étant supposés être forts et capables de se défendre, selon les normes sociales de la masculinité, nombreux sont ceux qui croient qu’ils auraient dû se défendre et mettre leurs limites, même s’ils étaient enfants. «Il y a un travail de conscientisation et d’éducation à faire sur le fait qu’un enfant n’a pas à dire qu’il est consentant ou pas, note Natacha Godbout. Cela ne se pose pas, du moins pas avant l’âge de 12 ans. L’enfant n’a pas ce qu’il faut pour consentir à des actes sexuels.»
(...) Dans l’esprit populaire, les hommes ne peuvent pas être victimes d’abus ou d’agressions sexuels, poursuit Natacha Godbout. «On campe parfois les hommes dans le rôle de l’agresseur et cela fait partie du problème, puisque cela rend difficile le fait de documenter le phénomène, de reconnaitre la victimisation au masculin et d’y répondre adéquatement .» Selon la chercheuse, on estime qu’entre 10 et 35 % des hommes auraient été victimes d’agressions sexuelles durant l’enfance. «Cela dépend de la manière dont on pose la question, note-t-elle. Pour obtenir des réponses, il faut des questions concrètes.»