Expert de l'ONU sur les droits des LGBT : les pays africains échouent

Envoyé par Comité de solidarité internationale - ALGI (CSI) en date du 27 novembre 2016 à 11h21
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Une coalition menée par des pays africains a échoué à éjecter l’expert onusien des droits LGBT grâce à l’intervention éclair de certains Etats d’Amérique latine, d’Europe et de l’Afrique du sud.

Les droits LGBT appartiennent résolument aux droits de l’Homme. Telle est la décision entérinée lundi par un vote serré des Nations Unies. Celui-ci questionnait la légitimité du tout premier expert indépendant spécialisé dans la défense des personnes LGBT à travers le monde. Vitit Muntarbhorn, professeur thaïlandais en droit international de 64 ans, avait été nommé pour trois ans par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

A peine installé et déjà contesté

Début novembre, deux mois seulement après sa nomination, l’ambassadeur du Botswana s’est exprimé contre l’existence même d’un tel poste. Au nom d’une coalition regroupant 54 Etats membres africains, il a contesté cette nomination en prétextant que les droits LGBT n’avaient pas leur place dans les Droits de l’Homme.

Le Conseil des Nations Unies ne devrait pas se pencher sur les questions d’orientation et d’identité sexuelle, a-t-il avancé, ces deux notions ne sont pas et ne devraient pas être liées aux instruments internationaux existants sur la protection des Droits de l’Homme.

Liant la parole aux actes, la coalition africaine a donc déposé une résolution interrogeant la « légalité du mandat » de Vitit Muntarbhorn et exigeant sa suspension, bien qu’il n’existe pourtant aucun fondement juridique remettant en cause la légitimité de l’expert, élu à 23 voix contre 17 au mois de septembre.

La défense des droits LGBT se joue au nombre de voix

Face à cette mesure hostile, plusieurs pays d’Amérique latine – soutenus par les pays européens, les Etats-Unis, le Canada et l’Afrique du Sud – se sont mobilisés et ont produit en vitesse un amendement qui conforte la position de Vitit Muntarbhorn.

Lundi, le texte a été adopté par une courte majorité : 83 voix contre 77 malgré le renfort de la Chine, de la Russie, de l’Iran et de l’Arabie Saoudite à l’initiative africaine. Dix-sept nations se sont également abstenues, comme la Somalie et le Rwanda. La résolution amendée a par la suite été adoptée à 94 voix contre 3, et 80 abstentions selon Reuters.

Pour autant, la Russie et l’Egypte persistent et signent. S’exprimant au nom des 57 Etats membres qui composent l’Organisation de la coopération islamique (OCI), les deux pays ont expliqué qu’ils ne reconnaîtraient ni ne collaboreraient avec l’expert, alors même que les citoyens LGBT de ces pays dénoncent régulièrement les exactions dont ils sont victimes.

La défense des droits LGBT polarise les Nations Unies

Ce type d’affrontement fait malheureusement légion au sein de l’ONU. Que ce soit suite aux avantages accordés aux couples de même sexe dans l’institution, devant l’organisation d’un congrès international sur le sida, ou le simple lancement de timbres gay-friendly, l’ONU est régulièrement le théâtre d’affrontements entre les défenseurs et les pourfendeurs des droits des lesbiennes, des gays, des bis et des trans. Figure de proue de ce mouvement hostile à l’homosexualité et à la transidentité : la Russie, la Chine et l’Arabie Saoudite.

Sur les 193 Etats membres de l’ONU, 73 entretiennent une législation qui condamne l’homosexualité d’amende, de peine de prison, voire d’une mise à mort.

Source : Têtu


Autre source : Anne V. Besnard, stophomophobie.org

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a nommé fin septembre un professeur de droit international, le Thaïlandais Vitit Muntarbhorn, pour enquêter et faire des rapport sur les niveaux de violence et de discrimination contre les personnes LGBT à l'échelle mondiale. Une initiative dont le secrétaire général Ban Ki-moon, ardent défenseur de la cause, s'était vivement félicité.

Mais le 4 novembre suivant, affirmant que les questions d'orientation et d'identité sexuelles ne relevaient pas du Conseil, 54 pays africains, menés par le Botswana, déposaient un projet de résolution pour contester le mandat de l'expert et réclamer sa suspension.

Cependant, l'amendement proposé ensuite par un groupe de pays d'Amérique latine pour le maintien de Vitit Muntarbhorn, a finalement été adopté ce lundi par 84 voix contre 77 et 17 abstentions.

L'Afrique du Sud a voté en faveur du texte, de même que les Européens, les Etats-Unis, le Canada. La Somalie et le Rwanda se sont abstenus. La Chine, la Russie, l'Iran et l'Arabie saoudite ont soutenu l'initiative africaine, déclarant par ailleurs qu'ils ne coopéreraient avec le spécialiste.

L'Assemblée générale doit encore se prononcer en séance plénière, mais il est fort probable qu'elle suivra la décision de la commission.

Sur les 193 pays membres de l'ONU, 73, dont 33 africains, ont des législations criminalisant l'homosexualité. La promotion des droits LGBT fait pourtant partie de la « mission sacrée » de l'organisation, qui accorde depuis 2014 les mêmes avantages et droits matrimoniaux à tous ses employés.

 


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