Deux jeunes Québécois trans se sont suicidés récemment, secouant une communauté où ils étaient très actifs. Des vies de personnes transgenres s’envolent en silence chaque année au Québec et la détresse est en hausse avec la pandémie, selon l’organisme Aide aux trans du Québec (ATQ).
Jasmine St-Onge Joly s’est donné la mort en octobre 2020. La femme de 27 ans avait entamé sa transition six mois avant de disparaître. Des mois plus tard, le suicide de son ami et ex-copain Victor Bergeron, une personne non binaire en plein questionnement sur son identité, a bouleversé une communauté déjà éprouvée par un climat discriminatoire teinté de transphobie.
« Jasmine, je l’ai pris personnel. La personne trans la plus proche de moi est partie et je n’ai pas pu l’en empêcher. Victor, ça m’a mise à terre car je ne l’ai pas vu venir », chuchote Élira St-Onge, femme transgenre et sœur de la défunte.
(...) « Je ne connais aucune personne trans dans mon entourage qui n’a pas eu d’idées suicidaires. Moi comprise », formule-t-elle après un long silence.
(...) Le 31 mars dernier, devant l’édifice montréalais qui abrite le centre communautaire LGBTQ+, ils sont près d’une centaine à laisser couler les larmes, abattus par la douleur. Malgré la pluie et le vent glacial, ils se sont déplacés pour rendre un dernier hommage au défunt, Victor Bergeron. De violents sanglots secouent leurs épaules quand on l’évoque. Xavier Bergeron entame son discours, la main sur l’estomac. « Victor, tu étais mon moment parfait », dit-il, dans un clin d’œil à la chanson favorite de son jeune frère.
Veillée funèbre pour Victor Bergeron, le 31 mars dernier, photo de l'ATQ publiée sur lapresse.ca
Au micro, le coordonnateur du centre est à court de mots, alors qu’il prononce un discours à travers des chuchotements saccadés. « Je ne sais pas quoi vous dire. On a déjà perdu tellement de nos frères et sœurs trans durant la dernière année. »
« Je suis tanné de voir la communauté trans s’amoindrir », écrit Xavier Bergeron peu après la disparition de son frère.
Il n’associe pas le suicide de son frère uniquement à son identité de genre, même si on ne peut l’évacuer. Depuis quelques années, Victor souffrait de dépression. Les préjugés et le manque d’ouverture lui « rentraient dedans ».
(...) Être trans et heureux, c’est possible. Dans l’optimisme et l’ouverture, Élira St-Onge souhaite inspirer la communauté trans. Il y a trop peu de modèles positifs et les jeunes trans en ont cruellement besoin. « Si j’abandonne et je disparais, d’autres vont suivre. Alors, j’essaie d’être positive. À la fin de la journée, je suis belle. »
Besoin d’aide ?
Si vous avez besoin de soutien ou avez des idées suicidaires, vous pouvez communiquer, de partout au Québec, avec un intervenant de Suicide Action Montréal au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553).
> Consultez le site de Suicide Action Montréal
La ligne d’écoute et d’intervention de l’ATQ est disponible en tout temps sans frais : 1-855-909-9038