Qu'il s'agisse du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l'ONU, de l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) de l'ONU, ou des grandes organisations de défence des droits humains comme Amnistie internationale, Human Rigths Watch et All Out, tous sont intervenus pour dénoncer le fait que la pandémie Covid-19 serve, dans plusieurs pays, de prétexte pour affliger davantage les minorités LGBT+.

Dans des moments comme celui-ci, je suis parfaitement conscient que les membres de nos communautés, peuples et populations sont parmi les plus marginalisés et exclus en raison de la stigmatisation et de la discrimination, et qu'ils sont et continueront à être parmi les plus exposés.
Victor Madrigal-Borloz, Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination en raison de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre, Lettre ouverte à la communauté LGBT au sujet de COVID-19.

Stigmatisation, discrimination, discours haineux et attaques contre la communauté LGBTI : les personnes LGBTI ont par le passé été accusées d’être à l’origine de catastrophes naturelles et anthropiques, et selon plusieurs rapports, cela est également le cas avec la pandémie de COVID-19. [En Irak,  le  leader  chiite  Muqtada al-Sadr a  averti  sur  son  compte  Twitter  le  28 mars dernier que  l’épidémie  mondiale  ne  faiblirait tant  que  les  gouvernements n’abrogeraient pas les lois légalisant les mariages homosexuels. En Israël,  le  rabbin  Meir Mazuz aurait déclaré  que  les  défilés  de  la  Gay  Pride  étaient  «contre  nature»  et  que  le  coronavirus  en  était  la «punition». Dans  les Caraïbes,  le  législateur  Anthony Eden a  proposé  que  les Îles Caïmanes affirment  officiellement  leurs  valeurs chrétiennes  en  réponse aux  catastrophes  etaux  épidémies qui, selon lui, sont des signes divins qu’il faut interdire les mariages homosexuels.  Dans certains pays, les rapports suggèrent une augmentation de la rhétorique homophobe et transphobe. Selon plusieurs rapports, la police se sert également des directives relatives à la COVID-19 pour attaquer les organisations LGBTI et les prendre pour cible.
Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), La COVID-19 et les droits de l'homme des personnes LGBTI.

La pandémie a également créé un contexte propice à une persécution accrue. Certains États ont adopté des mesures qui ciblent intentionnellement les personnes LGBT sous couvert de santé publique, notamment en proposant une législation visant à priver les personnes transgenres et les personnes de genre variant de reconnaissance juridique. Les discours de haine incitant explicitement ou implicitement à la violence contre les personnes LGBT sont en augmentation, y compris les discours de dirigeants politiques ou religieux de premier plan qui attribuent la pandémie à l'existence de personnes LGBT dans la communauté. La surveillance et les autres technologies numériques mises en place pour suivre les porteurs de COVID-19 augmentent les risques d'atteinte à la vie privée et d'exacerbation de la stigmatisation.
HCDH, Déclaration par des experts des droits de l'homme à l'occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.

Campagne de All Out.

Au cours des derniers mois, nous avons tendu la main aux associations et collectifs LGBT+ sur tous les continents pour écouter leurs besoins en ces temps de pandémie.

Et partout, ils nous disent la même chose : les personnes LGBT+ vulnérables avant la crise doivent désormais lutter pour leur survie.

Cela nous brise le cœur. Nous avons entendu tant d'histoires marquées par la souffrance, le désespoir et la peur : Cette réfugiée lesbienne, terrifiée de devoir retourner dans son pays d'origine, dont la demande d'asile a été reportée sine die. Cette jeune femme trans que sa famille a mise dehors et qui ne peut plus trouver ni travail ni logement. Cet homme gay séropositif qui n'a plus accès à ses médicaments indispensables. Des communautés queer violentées par la police en plein confinement, dans l'indifférence la plus totale.

Aujourd'hui plus que jamais, nous devons faire preuve de solidarité et défendre nos frères et sœurs LGBT+ touché·es par la pandémie. C'est pour cela qu'All Out a lancé le fonds Urgence COVID-19.

Depuis deux mois, nous travaillons avec les donateurs et les fondations pour rassembler plus de 150 000 $ afin de soutenir les personnes LGBT+ en danger.

Notre réponse s'est révélée rapide et efficace. Nous envoyons aujourd'hui des fonds à environ 50 associations partout sur la planète pour payer des frais de base : alimentation, savon, masques, médicaments et loyers.

Mais nous n'avons pas de quoi donner aux trente autres groupes qui ont eux aussi besoin d'une aide essentielle.

C'est là que vous entrez en jeu. En devenant Mécène de l'égalité – c'est ainsi que nous appelons nos donateurs mensuels – vous viendrez en aide à ces associations LGBT+ dans les mois qui viennent.

Cliquez ici pour parer à l'urgence. Devenez Mécène de l’égalité.

Voici un petit aperçu de ce que nous avons réussi à faire rien qu'au mois d'avril :

• En partenariat avec la Refugee Coalition of East Africa et l'African Human Rights Coalition, nous avons payé l'achat et la livraison de centaines de kilos de nourriture et de matériel sanitaire à destination des 250 réfugié·es LGBT+ du camp kenyan de Kakuma.

• Nous avons remis des fonds à notre partenaire italien, Quore, pour que l'association puisse augmenter sa capacité d'accueil pour les migrant·es LGBT+ vivant dans la rue. L'un des résidents à déclaré à ce sujet : « Ça fait du bien de savoir que je ne suis plus seul. Ce refuge, c'est bien plus qu'une maison ; c'est une communauté ».

• En Ouganda, 20 hommes ont été arrêtés au cours d'une descente de police sur un refuge LGBT+ ; ils n'auraient « pas respecté les règles de confinement ». Nous avons fourni une aide d'urgence à un collectif partenaire en Ouganda pour les faire libérer et les reloger.

• En partenariat avec Acción Igualitaria, nous avons fait livrer de la nourriture et d'autres matériels d'urgence à Guayaquil, en Équateur. La ville de Guayaquil a été ravagée par le virus ; on y a vu des cadavres se décomposer dans les rues. Notre partenaire sur place nous a confié : « Vous avez été une oasis au milieu de la maladie, de la mort, de la pauvreté et de la douleur ».

Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Nous avons également fourni une aide d'urgence à des collectifs et association dans des pays aussi variés que le Brésil, le Cameroun, le Costa Rica, la France, la Grèce, le Kenya, la Tanzanie ou le Royaume-Uni. Et de nombreux autres projets sont en cours de financement.

Mais les besoins actuels sont si exceptionnels que nous ne pourrons pas répondre à toutes les demandes sans vous.

Sans un soutien mensuel et régulier, nous ne nous en sortirons pas. Les communautés LGBT+ en Amérique latine et en Afrique commencent à peine à souffrir des dévastations de la pandémie. Elles se préparent à des mois incroyablement difficiles.

Il s'agit de la crise la plus importante pour notre grande famille LGBT+ depuis toute une génération. Mais nous pouvons faire la différence. Devenez Mécène de l'égalité aujourd'hui.

Nous vous tiendrons au courant des progrès que nous réalisons ensemble.

Merci mille fois de faire partie du mouvement All Out,

Matt, Sharifah, Mathias, Sarah, Angie, Leandro et tous les autres membres de l'équipe d'All Out.

Autres références.

• Covid-19 Backlash Targets LGBT People in South Korea. Human Rights Watch
• Uganda LGBT Shelter Residents Arrested on COVID-19 Pretext, Release 20 Detainees, End Arbitrary Arrests. Human Rights Watch