Il suffit de lire quelques-uns des titre publiés dans une multitude de journaux pour réaliser la dévastation provoquée par une campagne de outing d'homosexuels marocains piégés par des homophobes qui ont créé de faux comptes sur des applications de rencontre. C'est ainsi que sont dévoilés sur les réseaux sociaux les noms, photos, et autres informations personnelles des personnes qui doivent vivre cachées en raison de la criminalisation de l'homosexualité au Maroc. Plusieurs associations de défense des droits humains, au Maroc et à l'international ont dénoncé la situation et appelé à abroger l’article 489 qui criminalise les relations sexuelles entre personnes d'un même sexe.
(Crédit photo. Une militante LGBT porte un tee-shirt avec le numéro 489, référence à l'article 489 du code pénal marocain, qui réprime l'homosexualité, le 15 juin 2016 à Rabat. Photo Fadel Senna. AFP. publiée sur liberation.com dans l'article de Dounia Hadni — 27 avril 2020)
Un ami vient de m'annoncer le décès de son ami. Ses photos ont été partagées. Par désespoir, il s'est suicidé. Mon ami a dû apprendre la nouvelle de la bouche de la mère du défunt. Elle ne comprenait pas pourquoi son fils s'est suicidé. On en est là. Tweet d'Hicham Tahir
Le journal marocain Yabiladi titre Maroc : Les homosexuels victimes d’une campagne de lynchage sur les réseaux sociaux.
Depuis une semaine, une campagne de «outing» des homosexuels a été lancée sur les réseaux sociaux, exposant plusieurs d’entre eux à des violences, notamment physiques. Plusieurs ONG ont déclaré leur solidarité, appelant à une intervention pour protéger cette communauté.
La manchette de h24info.ma est La communauté LGBT+ marocaine cible d’une chasse aux sorcières.
Dans un live récemment diffusé sur son compte Instagram, l’influenceuse transgenre Sofia Taloni, de son vrai nom Naoufal Moussa, a appelé à une campagne de délation visant la communauté LGBT+ au Maroc.
Sur telquel.ma Comment un live sur Instagram s’est transformé en campagne d’inquisition homophobe
Depuis le début de semaine, une armée d’anonymes mène une massive campagne de dénonciation de personnes homosexuelles sur les réseaux sociaux. Retour sur un drame humain qui prend de plus en plus d’ampleur.
Sur afrique.tv5monde.com, on lit en conclusion.
"Le système encourage l'homophobie"
Et si d'autres, au Maroc, ont pris le relais, c'est parce qu'ils y sont encouragés par la loi. Ahmed Benchemsi, en charge de la communication de l'ONG Human Rights Watch dans le pays, estime que "le système politique encourage l'homophobie. Ces personnes se sentent du bon côté, celui de la loi et de la religion, quand elles critiquent l'homosexualité".
Les textes, hérités de la législation coloniale française, prévoient de 6 mois à 3 ans de prison pour « les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». En 2018, 170 Marocains avaient été poursuivis au nom de cette législation, selon les chiffres officiels, cités par l'ONG ILGA World.
Ailleurs, en Tunisie et en Algérie, certaines associations craignent que ce mouvement s'étende. A l'image de la Tunisienne Shams qui estime sur son compte Facebook que ce "véritable drame qui sévit en ce moment au Maroc pourrait aussi arriver en Tunisie".
Courrier international titre Haine.“Chasse aux sorcières” au Maroc contre les homosexuels.
Depuis quelques jours, la communauté LGBT+ marocaine est la cible d’une campagne de haine sans précédent. Dans un pays où les relations homosexuelles sont punies de prison, des dizaines de noms ont été révélés sur les réseaux sociaux.
Lire la déclaration (en anglais et arabe) de Human Rigths Watch : Morocco: Online Attacks Over Same-Sex Relations, Criminalization Fuels Harassment; Protect LGBT People from Discrimination, Abuse.
Dans le monde de demain, très bientôt donc, on doit tout faire pour que les LGBTQ+, dans mon pays le Maroc, comme ailleurs, ne soient plus les victimes idéales, d’avance désignées par un système qui fonce droit au mur.
(...) Tout mon amour aux LGBTQ+ au Maroc. Et dans le monde entier.
« La chasse aux gays et l’État marocain » par Abdellah Taïa. À lire, ce cri du coeur émouvant publié sur tetu.com
(Crédit photo : page Facebook d'Abdellah Taïa)
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