Source : 76crimesfr publié le 4 décembre 2018 par COLIN STEWART Grièvement blessé par des coups de matraque, gourdin, pierre et machette, Pierre veut sortir du Cameroun. Il est homosexuel et sans soutien. Il ne sait pas comment se sauver. Pierre à l’hôpital Une nuit horrible au Cameroun Par Jean Pierre Minet Un an et quart déjà est passé, Pierre (un pseudonyme) est là assis sous le porche de la maison de sa tante. Il raconte ce qui s’est passé cette horrible nuit du 8 août 2017 où sa vie a basculé. Dans cette nuit, Pierre, 31 ans, qui fréquente une famille amie à E. hors de Yaoundé, tombe sous l’emprise du jeune Jacques (aussi un pseudonyme), un élève de 21 ans qui aide son ancienne nourrice à gérer une table à M. où elle vend du savon, des cigarette et d’autres petits trucs. (Emplacements supprimés pour des raisons de sécurité.) Après de nombreux échanges via les réseaux sociaux, ils se retrouvent pour passer un peu de temps ce mardi soir là. Après la fin des ventes à la table, les deux jeunes se retrouve dans un snack et passe la soirée là-bas. À la fin de la soirée, après plusieurs bières, les deux vont chez Jacques à M. Pierre, se sentant un peu saoul, demande à Jacques s’il peut prendre une douche et c’est la que tout bascule. La maitresse de maison, une tante de Jacques qui ne connait pas Pierre, surprend Pierre seul dans la douche et hurle au voleur en alarmant tous les habitants de la maison et les voisins. Il était environ trois heures du matin. Quand il sent que sa mort est proche il demande à Jacques de déclarer qu’ils étaient ensemble. Dès que Jacques declare cela, Jacques est pris à part par sa famille. Dès lors, les coups ont redoublé de violence et de fréquence sur Pierre. C’est l’appel anonyme d’un spectateur au commissariat de M. qui provoque l’intervention de la police. Les agents extraient les deux de la scène pour les placer en détention pour homosexualité. Alerté par des connaissances, les associations Lady’s Cooperation et Camfaids, qui défendent les homosexuel(le)s, se rendent au commissariat. Sur place, ils découvrent Pierre et Jacques dans un état grave. Auditionnés, les deux victimes ont reconnu leur homosexualité. Ils sont donc arrêtés au motif d’homosexualité et aggravé de détournement de mineur en ce qui concerne Pierre. Le commissariat indique que Jacques a 18 ans ce qui est visiblement la majorité sexuelle au Cameroun. Pierre est resté en prison pendant cinq jours sans soins pour les blessures sur ses jambes causées par la bastonnade et les coups de machettes. Sa chair s’est infectée et a pourri. Pierre est libéré au bout de 5 jours sans soins passé au commissariat, après le paiement d’une caution de 45 000 FCFA (environ 69 euros). Jacques est relâché quelques jours après avoir versé 50 000 FCFA (environ 76 euros). Pierre est amené d’urgence à l’hôpital où il restera pendant un mois. Il a des plaies purulentes, parce que les médecins ont gratté la peau pour éviter une infection plus importante voir une septicémie. [Seulement si vous voulez, vous pouvez voir une photo désagréable montrant les blessures à la jambe de Pierre et une série désagréable de neuf photos qui documentent l’état de la jambe à l’hôpital.] Il subit plusieurs opérations de chirurgie réparatrice notamment au niveau du visage, des jambes et du dos. Jacques ne va pas à l’hôpital parce que il a été protégé par sa famille. L’employeur de Pierre après avoir été informé de la situation le licencie. Sa situation est dramatique. Pierre essaye d’obtenir un visa à l’ambassade de France qui lui le refuse. Les associations ont du mal à se mobiliser pour l’évacuer du pays faute de moyens. Pierre souhaite une mobilisation lui permettant de quitter le pays pour sa sécurité. Aujourd’hui il ne peut se déplacer en toute sécurité car il n’est pas à ‘abri d’un contrôle d’identité qui le ramènerai directement en prison. Il a des difficultés à trouver un emploi car lorsqu’il présente des références, il redoute que son nouvel employeur appel son ancien employeur qui l’a licencié lorsqu’il a appris les événements. Vous pouvez contacter Lady’s Cooperation, qui continu à le soutenir. (La contacter par courrier électronique à awoh_a@yahoo.fr ou par téléphone à 696434381 / 677505792.) Le gouvernement camerounais maintient la sanction pénale contre l’homosexualité. L’article 347-1 du code pénal en vigueur stipule que l’homosexualité est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende 20 000 à 200 000 FCFA (environ 30 à 300 euros). Elle concerne « toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe ». En laissant Pierre après ce récit, nous nous souvenons qu’au moins trois jeunes homosexuelles sont emprisonnés à Nord-Cameroun et que d’autres ont fait l’objet d’arrestations arbitraires puis ont été relâchées. À propos de l’auteur: Jean Pierre Minet, en France, est un activiste des droits des populations vulnérables et des personnes handicapées. |