(...) Je crois aussi qu’il faut arrêter de mépriser ce qui nous précède. Il y a une tendance grandissante à vouloir tout déconstruire — parfois même ce qui nous a sauvés. J’entends parfois que les Prides sont devenues trop commerciales, que les symboles sont dépassés, que les combats d’hier n’ont plus rien à voir avec aujourd’hui. C’est peut-être vrai sur certains aspects. Mais ce n’est pas une raison pour faire table rase. Ce sont ces combats, ces symboles, même imparfaits, qui nous ont permis d’être là. On peut les critiquer, bien sûr, mais on peut aussi leur dire merci.
Tout ça me travaille, pas par nostalgie ou parce que je veux qu’on se mette à genoux devant notre passé. Simplement parce que l’ignorance est dangereuse. Elle n’est pas arrivée par accident. Elle est le fruit d’un système qui a voulu nous effacer. Ne pas connaître notre histoire, c’est risquer de refaire les mêmes erreurs. C’est croire que nos droits sont garantis à jamais. Alors qu’ils peuvent disparaître, vite, si on baisse les yeux trop longtemps.
Je ne dis pas qu’on doit devenir historiens ou militants, ni qu’on doit vivre dans le passé. Je dis juste : souvenons-nous. Parce qu’un jour, ce sera à nous de raconter. Et si on n’a rien retenu, qu’est-ce qu’on va transmettre?
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