Docteur en histoire contemporaine à l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès, Mathias Quéré mène des recherches qui « participent à la transmission d’une histoire communautaire et d’imaginaires pour les luttes queers actuelles ». À partir de sa thèse de doctorat, soutenue en 2022, consacrée au mouvement homosexuel en France de 1974 à 1986 — un document de 715 pages ! —, l’homme a donné naissance à un essai, Quand nos désirs font désordre, qui paraît ces jours-ci aux éditions Lux, au Québec comme en France.
(...) Dans son prologue, Quéré donne une bonne idée des raisons qui l’ont incité à jeter son dévolu sur cette période : « Depuis l’amphithéâtre des Beaux-Arts parisien qui accueillait les assemblées hebdomadaires du FHAR au printemps 1971 jusqu’à la lente disparition du CUARH en 1986, ce sont quinze ans qui ont radicalement fait évoluer les réalités des gais et des lesbiennes. D’un horizon révolutionnaire à la lutte pour l’abrogation de la législation homophobe et répressive, ce mouvement a été exaltant, avant que le sida ne décime toute une génération. »
(...) Considérant que la transmission de l’histoire des mouvements lesbiens, homosexuels et trans français est insatisfaisante, Quéré souhaite faciliter l’accès aux récits des militants des années 1970 et 1980, à leur amitié et à leur solidarité, aux formes d’organisation et d’intervention politiques qu’ils ont développées. « On a besoin de notre histoire pour pouvoir construire le présent, estime l’universitaire. On a besoin de nourrir notre imaginaire pour pouvoir avancer. Il y a dans les milieux queers aujourd’hui des réflexions, autour de l’identité par exemple, qui sont très semblables aux discours qui se tenaient autrefois. Connaître son histoire, apprendre d’elle, avoir la possibilité de se la réapproprier, c’est une bonne manière d’alimenter les luttes contemporaines tout en évitant de commettre les mêmes erreurs. »
Pour affronter la prolifération actuelle des idées d’extrême droite, en France comme au Canada ou aux États-Unis, Quéré estime que la connaissance de l’histoire peut être utile. « Les militants des années 1980 se sont opposés à la montée du Front national en France, rappelle-t-il. Ils ont créé des comités lesbiens et homosexuels antifascistes. Rien n’est jamais acquis, nos droits ont été menacés dans les années 1980 et c’est exactement ce qui se produit en ce moment. Entre les époques, il y a des échos, des ponts, et je crois qu’il faut vraiment qu’on raconte tout cela, qu’on se serve de l’histoire pour actualiser le présent. »
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