Éditeur exigeant, Serge Safran publie Les garçons de l’amour, ce magnifique roman témoignant d’une période clé dans l’histoire contemporaine de l’Iran. Ghazi Rabihavi est né en 1956 à Abadan, dans le golfe persique. Il est âgé de 22 ans en 1978 quand la révolution éclate. La même année il s’installe à Téhéran. En 1980, année de la guerre avec l’Irak, son premier recueil lui vaut neuf mois d’incarcération à la prison politique d’Evin. Interdit de publication en 1994, il s’exile un an plus tard à Londres où il exerce une activité littéraire dans le roman, le théâtre et le cinéma, décrivant la désillusion révolutionnaire et la mise au pas des universités. Voici quelques extraits du blogue de Philippe Brenot publié sur lemonde.fr le 20 août 2020. « Finalement, mon père vit ce qu’il n’aurait pas dû voir (…) Ma sœur Behi et moi, nous étions assis sur deux tabourets pendant que les filles nous maquillaient avec les produits de beauté qu’elles avaient chipés à leurs mères (…) Behi jouait le rôle du marié, car elle était plus grande et plus forte que moi (…) Moi, vu ma taille mince et gracieuse, je faisais la mariée. » Cette inversion des rôles (on pourrait dire des genres) est la pire insulte que l’on puisse faire aux systèmes patriarcaux fondés sur le primat du phallus et de la virilité. Le châtiment sera terrible, « L’après-midi même on nous attacha, Behi et moi, au tronc du jasmin de la cour et la volée de bois vert que mon père nous infligea brûla nos jambes tendres et frêles d’une douleur cuisante. » Dans les premières lignes incisives de son roman, Les Garçons de l’amour, Ghazi Rabihavi plante le décor du destin brutal de l’homosexualité au sein d’un patriarcat triomphant. Il nous fait partager le désarroi de Djamil, le narrateur, dans sa longue fuite en avant de son village, sa famille, de Téhéran, de l’Iran… vers le dénouement inéluctable mais tragique d’un engagement sincère face à des lois inflexibles. Le livre est disponible au Québec et peut être livré. |
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