Biphobie, des stéréotypes aux conséquences psychologiques
Envoyé par Slate / via ALGI en date du 03 août 2020 à 10h57 Retour au forum
Le 23 juillet dernier, Laure Dasinieres publiait sur le site slate.fr un article intitulé Biphobie, des stéréotypes aux conséquences psychologiques. En présentation, elle écrit :
Si la fluidité des genres et la bisexualité tendent à gagner en visibilité dans les fictions et les médias, la biphobie demeure un mal invisible aux conséquences lourdes.
Après avoir exposé les stéréotypes les plus courants concernat la bisexualité, elle écrit :
Selon Maxence Ouafik, interne en médecine générale, doctorant en sciences médicales et militant LGBT+, les bi seraient discriminé·es y compris par leurs pairs: «Au sein même de la communauté LGBT+, certains considèrent que les bi profiteraient du meilleur des deux mondes avant de se caser avec un ou une partenaire de l'autre genre afin de bénéficier des privilèges de l'hétérosexualité. Il existe également cette notion selon laquelle la biphobie n'existerait pas en tant que telle mais serait simplement une manifestation de l'homophobie et serait donc réglée en même temps, ce qui invisibilise la spécificité des discriminations biphobes et le vécu des personnes bisexuelles.»
L'article poursuit en abordant la question des violences envers les personnes bisexuelles.
Mais ces personnes sont surtout particulièrement exposées aux violences, en particulier les femmes, lorsque la biphobie se mêle au sexisme. Ainsi les femmes bisexuelles sont particulièrement victimes de violences conjugales, 61% ayant déjà été agressées, stalkées ou violées par un partenaire, contre 44% des lesbiennes et 35% des hétéros. De plus, 76% d'entre elles ont subi de la violence psychologique de la part de leur partenaire et 69% ont été victimes de coercition (menaces, contrôle économique et isolement) contre 48% des lesbiennes et 41% des hétéros.
(...)
Les hommes bisexuels, bien que moins affectés que les femmes, ne semblent pas épargnés par les violences sexuelles, dès le plus jeune âge. Une étude portant sur 16.977 jeunes hommes de 13 à 18 ans, relève que 30% des hommes bi se sont déjà fait agresser physiquement par leur partenaire dans les douze derniers mois et 33,1% ont déjà été violés, des taux plus élevés que chez les hommes hétérosexuels et homosexuels de l'échantillon.
L'article aborde ensuite les conséquences psychologiques des préjugés et des violences envers les bisexuels.
«Ce qui est dur, c'est l'isolement, témoigne Caroline. J'avais coupé les ponts avec le monde des hétéros parce que c'était fatiguant de devoir se justifier. De toute façon, mes attentes ne collaient plus avec celles de mon entourage hétéro. Mes copines cherchaient un mec, une histoire sérieuse pour se poser après la fac et faire des enfants. Ce n'était pas mon schéma. Mais la communauté lesbienne ne m'acceptait pas pour autant. Elles ne me voyaient pas comme l'une des leurs mais un peu comme un espion infiltré. J'avais l'impression de devoir constamment prouver que j'étais légitime à être là alors qu'on avait partagé le même parcours. J'étais tenue à distance. Et c'est épuisant, ce manque sur le plan intime.»
«Les personnes bisexuelles subissent un stress qui leur est propre et qui découle de la biphobie. Sachant qu'elles peuvent également subir de l'homophobie lorsqu'elles sont perçues comme homosexuelles, on comprend, à la lumière de la théorie du stress minoritaire, qu'elles jouissent en moyenne d'une moins bonne santé mentale», conclut Maxence Ouafik.
(...)
Des études montrent que les hommes bisexuels ont une prévalence 4,22 fois plus élevée de trouble dépressif majeur par rapport aux hétérosexuels. Les femmes bisexuelles, pour leur part, ont une prévalence d'épisode dépressif majeur 2,74 fois plus élevée que les hétérosexuelles, comparé à 1,43 fois pour les lesbiennes. Les personnes bisexuelles ont 4,44 fois plus de risque de faire une tentative de suicide que les hétéros et 1,25 fois plus de risque que les gays et lesbiennes, les femmes bisexuelles enourant un risque encore plus accru que les hommes bi.
Quelles solutions ?
Les réponses manquent en matière d'améliorations. Celles-ci passeront sans doute vers une «queerisation» de la société, comme l'estime Éric Macé. «Le véritable problème vient de la part des personnes stigmatisantes et plus largement de l'hétéronormativité/genro-normativité. D'un point de vue politique, les luttes à mener portent sur la légitimité de cette normativité.»
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