Sensibiliser de jeunes nouveaux arrivants aux enjeux LGBTQ2

Envoyé par Radio-canada / via ALGI en date du 21 janvier 2019 à 11h37
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Source : ICI Manitoba Publié le samedi 19 janvier 2019.

Pour certaines communautés de nouveaux arrivants, l'homosexualité reste taboue. Depuis deux ans, de jeunes leaders de ces communautés à Winnipeg, Sherbrooke et Edmonton suivent des formations pour qu'ils puissent sensibiliser leurs pairs à ces enjeux.

« L’objet du projet c’est de sensibiliser nos communautés, les communautés africaines, sur la question des minorités sexuelles, et aussi de former de jeunes leaders de cette communauté-là capable de comprendre la question des LGBTQ », explique Mamadou Ka, le chercheur du projet Inclure, à Winnipeg.

Il pense qu’il était essentiel de s’intéresser aux générations plus jeunes. « Ces jeunes côtoient les minorités sexuelles, et à partir de là ça devient plus facile pour eux de comprendre quels sont les défis pour cette communauté », dit-il. Les gens enrôlés dans le projet sont d’âge universitaire.

Des groupes d’une quinzaine de jeunes dans chaque ville ont suivi des formations portant sur des sujets comme les cas célèbres de crimes commis contre les minorités sexuelles et les arguments pour contrer les discours homophobes.

Aicha Foungouom est une leader de jeunes du projet Inclure à Edmonton. « Depuis que j'ai grandi ici, ça fait 10 ans, j’ai grandi dans une communauté diverse. C’est important pour que tout le monde veuille accepter tout le monde », note-t-elle.

« J’ai vu comment ma famille et mes amis autour de moi traitaient les homosexuels et je voulais vraiment voir un changement dans ça », poursuit-elle.

Elle constate déjà une évolution dans la mentalité de sa famille et de ses amis. « Un à un je leur ouvre les yeux », lance Mme Foungouom.

Le défi d’une discrimination « naturalisée »

La formatrice de la rencontre du 19 janvier, Juana Park, explique les défis qu’elle a rencontrés lors du projet : « le premier, c’est la résistance dans certaines communautés de même parler du sujet, c’est totalement tabou ».

La doctorante en psychologie à l’Université d’Alberta qualifie l’homophobie et la transphobie dans certaines cultures de « discrimination enracinée ».

« Parfois, il y a par exemple des parents qui s’opposent au fait que des jeunes viennent même nous voir ou ont peur que l’on soit en train de faire une campagne de conversion pour faire en sorte qu’ils deviennent homosexuels », dit-elle.

Mme Park a grandi dans une famille d’immigrants coréens en Argentine, où elle a été formée comme psychologue clinicienne, cela lui a permis de constater les risques que pose la discrimination pour les jeunes de minorités sexuelles.

« J’appartiens à minorité ethnique, mais je sais aussi que les gens qui appartiennent à une double minorité, donc visible et non visible, par exemple être Africain et être gai ou être Africain et être transgenre, je sais que ces gens-là peuvent avoir encore plus de difficultés », dit-elle.

Elle se réjouit de l’engagement des participants. Pour elle, le projet est un succès. Mamadou Ka partage cette conviction.

« Je suis un peu fasciné de voir des jeunes qui disent, mais écoutez, ils sont comme ils le sont, et puis ils comprennent aussi que quelquefois il y a des choses que l’on ne choisit pas d’être », dit-il. Le professeur de science politique note qu’il a lui-même vécu cette transformation depuis son arrivée au Canada dans les années 1990.

« J’ai grandi dans une communauté où l’homosexualité c’est quelque chose de tabou, on n’en parle pas, c’est des gens qui sont rejetés. Il ne fallait pas les approcher [car] c’était une malédiction », poursuit-il.

« Quand je suis arrivé ici, j’ai eu des amis qui sont homosexuels et je me suis rendu compte qu’ils sont comme moi », ajoute M. Ka.

Le projet tire à sa fin en juin, à cette occasion, une conférence est organisée à Edmonton pour réunir tous les jeunes qui y ont pris part. Les organisateurs examinent actuellement la possibilité d’effectuer une demande pour renouveler le financement provenant de Patrimoine canadien.

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