Revue de presse sur l'éviction de la Médiathèque par la CSDM

Les activités publiques au 1214 de la Montagne, cet édifice patrinomial où logeait la Médiathèque littéraire, ont cessé le premier octobre 2016. Cette fermeture était la conséquence de la décision du locateur, la Commission scolaire de Montréal (CSDM), de rompre le bail et de barricader l'édifice. 

 

Revue de presse

La Médiathèque Gaétan Dostie, à Montréal   PHOTO : RADIO-CANADA

 

La Médiathèque Gaëtan-Dostie bientôt à la rue. La survie de ce patrimoine poétique québécois est menacée par un avis d’éviction de la CSDM

Hébergée depuis 2009 dans le bel immeuble patrimonial du 1214, rue De La Montagne à Montréal, la Médiathèque Gaëtan-Dostie se trouve menacée d’éviction par la Commission scolaire de Montréal (CSDM), tout comme le collectif d’éditeurs et libraires La Passe, qui partage l’adresse. (...)

La Médiathèque a reçu le 27 juin dernier une lettre recommandée prescrivant de « cesser [les] activités immédiatement » et de « quitter les lieux »« Il appert que les lieux représentent un danger potentielpeut-on lire dans la missive signée par le coordonnateur des Services des ressources matérielles de la CSDM, Dominic Giguère. En effet, des travaux majeurs seraient à effectuer pour assurer la sécurité et le confort des utilisateurs de cet édifice. Or, la CSDM ne peut absorber de telles dépenses. » En contrepartie, la CSDM offre la gratuité du loyer du 1er juillet au 30 septembre, « date à laquelle l’édifice sera barricadé ».

2016-08-19. Lire l'article de Catherine Lalonde sur le site du Devoir 

Mise à jour : Sursis pour la Médiathèque Gaëtan Dostie

2016-08-23. La collection a jusqu’en 2017 pour trouver un nouveau toit. Lire l'article  de Catherine Lalonde sur le site du Devoir

Lettre ouverte par le Collectif La Passe

Du possible sinon j’étouffe! Quelle place pour les lieux culturels autonomes? 

Les artisans de La Passe ont monté une librairie, une chambre noire, des ateliers de reliure et de typographie, des éditions, des expositions d’archives, accueilli des soirées littéraires et organisé plus de 200 concerts dans la dernière année.
 

Momies

(...) L’être humain n’est-il bon qu’à adorer pêle-mêle des oeuvres magnifiées par des bâtiments géants et des présentations ronflantes ? Il reste de moins en moins de lieux où un rapport étroit et presque charnel à la culture n’est pas délibérément mis à distance.

C’est bien pour cela que la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie m’apparaît précieuse et digne de la meilleure considération publique. À l’initiative d’un collectionneur compulsif de tout ce qui touche à la littérature québécoise depuis des décennies, en particulier au chapitre de la poésie, ce lieu fait corps avec une collection immense où des toiles, des gravures, des manuscrits, des photographies et des imprimés se tiennent les uns les autres dans un dessein commun. Rien à voir avec le travail d’une bibliothèque nationale où l’on montre quelques documents à l’occasion d’expositions thématiques. Chez Dostie, même les morts vivent encore et parlent les uns avec les autres.

Pourtant on veut tuer ce rare ferment de vie. Nous vivons dans un demi-pays qui a fini par se laisser convaincre qu’il ne fallait envisager son patrimoine que dans la mesure où on le loge dans un musée blanchi. Tout le reste, c’est-à-dire la vie même, est envoyé aux poubelles, sans qu’on en fasse de cas.

La CSDM avait confié l’usage d’un de ses bâtiments désuets, rue de la Montagne, à la Médiathèque. Avec quelques mois de préavis, elle désire reprendre ce lieu. Un endroit pareil, animé par la littérature, peut pourtant donner beaucoup aux enfants dont la CSDM a la responsabilité.

Le Musée de l’imprimerie du Québec, où l’on enseignait les arts graphiques, a dû lui aussi fermer ses portes dans le Vieux-Montréal après s’être vu priver lui aussi d’un toit. De tels lieux sont trop rares pour qu’on se permette de les jeter par-dessus bord. Faut-il attendre que tout soit bien mort et embaumé pour qu’on commence à admirer ce que suppose une culture vivante ? Notre société manque déjà suffisamment d’air. Nul besoin d’étouffer en plus la Médiathèque Gaëtan Dostie.

2016-09-06. Chronique de Jean-François Nadeau sur Le Devoir

Montreal's Médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie braces for shutdown

(...) A final irony: The expulsion of the Médiathèque and La Passe will take place during Montreal’s big anniversary party, to celebrate the city’s 375th birthday and 150 years of Confederation. Perhaps someone should ask Heritage Minister Mélanie Joly, the grand convener of those revels, how we should best celebrate the spectacle of a prime collection of Quebec’s literary memory being dumped on the sidewalk.

Sauvons la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie

(...) Cette bâtisse exceptionnelle, cette caverne d’Ali Baba de l’imaginaire d’ici, qui comprend les plus précieux recueils des éditions de l’Hexagone et de Parti pris, doit être encouragée, soutenue et défendue dès maintenant. Nous devons protéger et sauvegarder cet espace de résistance, de combat et d’engagement qui abrite et préserve les oeuvres des Miron, Ferron, Gauvreau, Godin, Langevin et Aquin, pour ne nommer que ceux-là…

Je me souviens… mais de quoi?

(...) Menacés d'expulsion par la Commission scolaire de Montréal (CSDM), propriétaire du 1214 rue de la Montagne, la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie (MLGD) et le collectif La Passe ont de la difficulté à ne pas rire jaune en pensant à ce qui adviendra de la maison centenaire que la MLGD occupe depuis 2009. À cette adresse se trouvent 50 000 livres, 7000 objets d'art, une librairie, une chambre noire, des ateliers de typographie, ainsi qu'une salle accueillant près de 200 concerts par année. 
 

Une expulsion causée par un excès de zèle? 

La médiathèque Gaëtan-Dostie, ce musée de la poésie menacé d’expulsion par la Commission scolaire de Montréal (CDSM), a enfin pu consulter la semaine dernière le rapport sur l’état de l’édifice du 1214, de la Montagne, qu’elle occupe depuis 2009. Alors que la CSDM demandait la fermeture rapide de l’ancienne Académie-Bourget (1914) pour cause de contamination par des champignons, l’organisme confirme qu’aucune analyse chimique n’a été effectuée pour en confirmer la présence. Une expulsion par excès de zèle ?
(...) La commissaire scolaire indépendante du Sud-Ouest, Violaine Cousineau, entend demander lors du prochain conseil des commissaires que tous les documents d’évaluation de l’état du bâtiment soient rendus publics. Elle déposera aussi une proposition pour la tenue d’une consultation publique sur l’avenir de l’immeuble. Car cette adresse est, croit-elle, désormais « doublement patrimoniale ».
(...) « Nous devons viser à trouver une solution qui permettra à cet organisme, dont la mission est aussi connexe à celle de la CSDM, d’occuper le bâtiment de la rue de la Montagne en attendant une solution permanente, poursuit-elle. Si nous procédons dans l’urgence, en fermant au public l’accès à l’organisme dès la fin septembre, nous risquons d’infliger à la Médiathèque un coup auquel elle ne survivra peut-être pas. »
2016-09-26Lire l'article  de Catherine Lalonde et Philippe Orfali sur le site du Devoir

Luc Ferrandez met en doute la bonne foi de la CSDM

Le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville de Montréal, Luc Ferrandez, a mis en doute lundi la bonne foi de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui cherche à expulser la Médiathèque Gaëtan Dostie d’un édifice patrimonial du 1214, rue de la Montagne sous prétexte que des moisissures s’y trouvent.

Le maire du Plateau voit, pour le 1214, rue de la Montagne, un « risque majeur de démolition du patrimoine pour la construction d’une tour à condos », écrit-il sur Facebook.

2016-09-27. Lire l'article  de Philippe Orfali sur le site du Devoir

Françoise David s’inquiète de la disparition potentielle de la Médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie

Françoise David, députée de Gouin et porte-parole de Québec solidaire, lance un appel pressant pour que le gouvernement s’intéresse à la disparition annoncée de la Médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie.

 « ll est inconcevable que notre société laisse tomber un joyau comme la Médiathèque Gaëtan-Dostie. Ce genre de lieu, qui n’est pas directement financé par l’État, doit recevoir une plus grande attention de la part des instances publiques qui se soucient de notre mémoire collective. Si la culture est le ciment de l’identité d’un peuple, la littérature en est une expression réellement importante. La collection de M. Dostie est inestimable ! », affirme Françoise David.

2016-09-27. Lire le communiqué de Québec solidaire

La Médiathèque vit son dernier jour

C’est la fin pour la Médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie, du moins dans son emplacement actuel sur la rue de la Montagne. Le musée de la littérature française d’Amérique du Nord devra fermer ses portes au public vendredi.

2016-09-29. Lire l'article de Jeff Yates, journal Métro

BAnQ «prête à intervenir» pour Gaëtan Dostie

Interpellé par la Commission scolaire de Montréal (CSDM), le ministre de la Culture Luc Fortin intervient dans le dossier de la Médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie. Celui-ci a demandé à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) de venir en aide, si nécessaire, à l’organisme culturel menacé d’expulsion par la CSDM. « Il s’agirait d’évaluer la collection pour déterminer ensuite le degré d’intervention nécessaire, selon ce qui s’y trouve. Le ministre a demandé à BAnQ d’être prête pour faire le travail », a indiqué le porte-parole de M. Fortin, Karl Filion.

2016-09-30. Lire la nouvelle dans Le Devoir

La Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie devra fermer


Gaëtan Dostie devant l’édifice de la rue de la Montagne, où était logée sa Médiathèque littéraire.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir.  Gaëtan Dostie et Hubert Gendron-Blais du collectif La Passe, devant l’édifice de la rue de la Montagne, où était logée sa Médiathèque littéraire.

La Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie, avec ses trésors de premières éditions, de manuscrits, de photos, de lettres, d’archives diverses, d’Octave Crémazie à Roland Giguère, de Laure Conan à Josée Hivon, est désormais fermée au public.

La Médiathèque ainsi que le groupe La Passe, qu’elle abrite, ont en effet dû se conformer à l’ordre d’éviction donné par la Commission scolaire de Montréal, qui est propriétaire du bâtiment de la rue de la Montagne. L’aventure se terminait donc vendredi soir par la projection du long métrage Gaston Miron, un homme revenu en dehors du temps, de Simon Boulerice. Samedi, la Médiathèque et La Passe organisent une kermesse devant le bâtiment et, samedi soir, un concert y sera présenté, où, notamment, Gilles Bélanger chantera Miron.

2016-10-01 Lire l'article de Caroline Montpetit sur le site du Devoir.

Médiathèque Gaëtan Dostie : L’impasse persiste après une première rencontre

La première rencontre tenue entre la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie et des représentants du ministère de la Culture n’a pas permis, lundi, de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve ce musée de la littérature québécoise depuis la fin de l’été.
(...) La rencontre annoncée entre M. Dostie et le cabinet du ministre de la Culture Luc Fortin n’aura finalement duré qu’une heure. Le ministre Fortin a offert de fournir la somme de 10 000 $, à même son fonds discrétionnaire, afin d’aider au déménagement de la médiathèque. 

« Cependant, ils n’ont pas été en mesure de nous offrir des locaux pour notre relocalisation, vu que le ministère de la Culture ne dispose pas de parc immobilier », a résumé un porte-parole du collectif La Passe, qui loge à la médiathèque.

2016-10-04. Lire l'article de  Philippe Orfali - Avec Caroline Montpetit dans le journal Le Devoir

1214 de la Montagne : l'agonie préméditée

Le 1214 de la Montagne, c’est une librairie où vous ne trouverez pas de Virginie Despentes ni de Guillaume Musso. C’est une médiathèque où vous pourrez contempler des trésors de la culture littéraire québécoise rassemblés avec la passion de toute une vie par Gaëtan Dostie. Le 1214 de la Montagne, c’est une chambre noire, une imprimerie, un atelier de reliure et de typographie où la jeune génération vient construire du sens, bien plus rentable pour l’humanité que des condos. Ce sont des concerts de musique et autres manifestations artistiques, l’occasion de rencontres, d’échanges, de conservation et de transmission d’un pan inestimable de la culture du Québec. Le 1214 de la Montagne, c’est fini.

2016-10-10. Par Benjamin GoronLire l'article sur camuz.ca

L’UNEQ INQUIÈTE POUR L’AVENIR DE LA MÉDIATHÈQUE GAËTAN DOSTIE

Montréal, 3 octobre 2016 — Très préoccupée par le sort de la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) souhaite une sortie de crise qui permettra de préserver et de mettre en valeur cette inestimable collection de plus de 50 000 imprimés, manuscrits, photos et archives sur la poésie et la littérature québécoises.

L’UNEQ a participé, le 3 octobre en matinée, à une rencontre avec Gaëtan Dostie et des représentants du ministre de la Culture du Québec, pour dégager des pistes de solution.

« À long terme, la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie doit demeurer accessible au public dans un environnement qui la met en valeur », insiste Danièle Simpson, présidente de l’UNEQ. « S’il n’est pas possible de dénicher rapidement une nouvelle adresse pour la Médiathèque, il faut à tout le moins entreposer sa collection dans un endroit sûr. »

La Médiathèque, située au 1214, rue de la Montagne au centre-ville de Montréal, n’est plus accessible au public depuis le 1er octobre. La Commission scolaire de Montréal (CSDM), propriétaire de l’immeuble qui héberge la collection depuis 2009, a ordonné l’éviction de l’organisme sans but lucratif présidé par Gaëtan Dostie. La CSDM veut reprendre possession de l’édifice pour y effectuer des travaux, arguant la présence de moisissures. Gaëtan Dostie conteste son éviction.

Le bâtiment nécessite sans doute d’importants travaux de rénovation. L’urbaniste Gérald McNichols Tétreault, sollicité par Gaëtan Dostie, a soutenu qu’il serait possible d’entreprendre des rénovations tout en maintenant les activités de la Médiathèque.

L’UNEQ invite la CSDM à collaborer avec toutes les parties impliquées pour dénouer l’impasse. Gaëtan Dostie est actuellement dans une situation intenable, privé des revenus que lui procuraient les visites à la Médiathèque et dans l’incapacité — tant financière que logistique — de déménager son immense collection.

La collection patiemment constituée par Gaëtan Dostie depuis 1955, sans aide de l’État, renferme des trésors patrimoniaux. On y trouve notamment des manuscrits d’Émile Nelligan, Gaston Miron, Saint-Denys Garneau, Claude Gauvreau, Paul-Marie Lapointe, Denis Vanier, Hubet Aquin et de plusieurs auteurs incontournables de la littérature québécoise. Elle renferme un exemplaire de la première édition de Refus Global et de nombreux livres rares, des affiches, des photographies, des cartes de la Nouvelle-France, des centaines d’œuvres d’art.

Créée en 1977, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois regroupe plus de 1 600 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.

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Source : Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)

Le piège de la culture des normes

Par Pierre Nepveu - Poète et essayiste

La fermeture de la Médiathèque Gaëtan Dostie, le riche musée de la poésie et de l’imprimé de la rue de La Montagne, est maintenant chose faite, depuis le 1er octobre. Les étapes ayant mené à ce triste dénouement ont connu un assez large écho médiatique et ont fait l’objet d’articles étoffés dans Le Devoir. La réalité n’en est pas moins consternante : un immeuble patrimonial en plein centre-ville, abritant une collection d’objets et de documents culturels d’une valeur inestimable, se trouve maintenant barricadé.

Menaçait-il de s’effondrer ? Ses nombreux visiteurs au fil des années en sont-ils ressortis affectés, contaminés, intoxiqués ? Pas à ce que je sache, moi qui fréquente la Médiathèque depuis des années. Il y aurait, selon un rapport non publié par la CSDM (pourquoi donc ?), un problème d’« humidité » au sous-sol. Rien ne peut mieux résumer la situation qu’une remarque savoureuse du spécialiste en patrimoine Gérald McNichols Tétreault : avec les critères de la Commission scolaire de Montréal, propriétaire de l’immeuble, il faudrait fermer sur-le-champ la ville entière de Venise ! Il y a des limites, à la fin, à compromettre sa santé pour visiter le Palais des doges ou la Scuola San Rocco, quand les bas-fonds distillent des tonnes de miasmes malsains… 

On a trop peu souligné, il me semble, l’ironie qu’il y a à voir un organisme comme la CSDM, dont la mission fondamentale est la pédagogie et donc, peut-on supposer, la transmission d’un certain héritage historique et culturel, faire preuve d’une telle intransigeance normative à l’égard d’un lieu dont le potentiel pédagogique est pourtant évident.

2016-10-12. Lire la lettre de Pierre Nepveu sur le site du Devoir.